L’acide folique est connu pour son rôle dans la prévention des malformations du tube neural. Mais depuis plusieurs années, la recherche scientifique explore une autre piste, plus récente : son lien potentiel avec le développement neurologique et le risque de troubles du spectre de l’autisme (TSA).
En 2025, une étude majeure publiée dans la revue PLOS One (1) est venue renforcer cette piste, en analysant à très grande échelle le lien entre supplémentation pendant la grossesse et risque autistique chez l’enfant.
Une étude d’une ampleur exceptionnelle
Les chercheurs ont mené ce que l’on appelle une umbrella review, c’est-à-dire une synthèse de plusieurs méta-analyses. Cette approche permet d’analyser non pas une seule étude, mais un ensemble de données issues de plus de cent recherches menées auprès de plus de trois millions de familles, dans plusieurs pays. L’objectif était de vérifier si un lien cohérent et répété existe entre la prise d’acide folique pendant la grossesse et le risque de troubles du spectre autistique.

Le résultat central
La conclusion est claire: Les enfants nés de mères ayant pris de l’acide folique et/ou des multivitamines pendant la grossesse présentaient en moyenne un risque significativement plus faible (30 %) de troubles du spectre autistique que ceux dont les mères n’avaient pas été supplémentées.
Ce résultat a été observé de manière constante dans des contextes très différents. Il a été retrouvé aussi bien dans plusieurs pays que parmi des populations aux profils variés, et cela quelle que soit la méthode statistique utilisée par les chercheurs pour analyser les données. L’association apparaît également indépendamment du type de supplémentation, qu’il s’agisse d’acide folique seul ou de multivitamines. Cette cohérence renforce la solidité du constat scientifique.
Pourquoi l’acide folique est impliqué dans le développement cérébral
L’acide folique joue un rôle direct dans des mécanismes fondamentaux du développement du bébé.
Il intervient à la fois dans la formation du système nerveux central, dans la multiplication des cellules, et dans la synthèse de l’ADN, éléments indispensables à la construction de tous les tissus.
Il participe également aux mécanismes de régulation génétique, qui influencent l’expression des gènes, ainsi qu’au développement des premières structures cérébrales. Autrement dit, dès les tout premiers jours de la grossesse, la vitamine B9 soutient l’architecture biologique du cerveau en formation.
Or, les fondations neurologiques du fœtus se construisent très tôt — souvent avant que la grossesse ne soit confirmée.
C’est précisément durant cette période que la disponibilité en vitamine B9 est la plus déterminante.
Et en France, où en est-on réellement ?
L’étude pose une question concrète : les femmes en France sont-elles suffisamment supplémentées en acide folique ?
Les recommandations officielles :
En France, les recommandations sont de 400 microgrammes par jour (0,4 mg).
Dans la réalité, cependant, l’écart entre les recommandations et les pratiques reste important. En France, moins d’un tiers des femmes commencent une supplémentation en acide folique avant la grossesse, comme cela est pourtant conseillé.
+ de 70% ’atteint pas les apports nutritionnels recommandés en vitamine B9, et beaucoup débutent la supplémentation après confirmation de la grossesse, alors même que les phases les plus sensibles du développement cérébral sont déjà engagées.
En conclusion
La prévention commence avant les rendez-vous médicaux. Avant les premières échographies, avant même le premier test de grossesse. Informer, accompagner, rassurer : c’est donner aux femmes les moyens d’agir tôt.
Cette grande étude internationale nous rappelle une chose essentielle :
Le développement du cerveau commence bien avant la naissance — et la nutrition maternelle fait partie intégrante de cette construction.
L’acide folique n’est pas un simple complément : c’est un soutien biologique fondamental pour une grossesse sereine et éclairée.

